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Mondialisation et migrations

mercredi 22 février 2023

A chaque fois qu’un pays a un manque de main d’œuvre peu qualifiée , il recourt au recrutement d’une main d’œuvre étrangère. Et bien souvent , il s’agit de métiers saisonniers et / ou pénibles de l’agriculture , du bâtiment et des mines. Les guerres génèrent systématiquement des déséquilibres démographiques et donc des besoins en mains d’œuvre étrangères.

C’est bien le cas des deux guerres mondiales. La mécanisation partielle de l’agriculture (préparation des terres agricoles, semences) a amené les grands agriculteurs à l’importation saisonnière d’une main d’œuvre étrangère pour offrir du travail de récolte durant trois ou deux mois voire encore moins. C’était ainsi la situation des pays de l’Europe de l’ouest durant les années 50-60-70. Ce sont d’anciens pays colonisateurs. La mécanisation de la récolte a achevé celle de tout le cycle agricole et le besoin en travailleurs saisonniers est devenu minime .

La situation des pays maghrébins et plus généralement africains était toute autre durant la même période . Bien que officiellement indépendants, leur propre agriculture était délaissée pour engager avec des succès problématiques une politique de développement des infrastructures et d’industrialisation . Ils ont une population dominée par les jeunes souvent peu ou mal instruits . Les années 50-60-70 étaient grosso-modo des années d’immigration contrôlée à la fois par les gouvernements africains et les gouvernements des pays européens ex-colonisateurs. Ces derniers ont pu décoller des ruines des deux guerres mondiales et arranger quelque peu la composition démographique de leurs populations . Le discours ’’ droits de l’homme ", "démocratie “ ," lutte contre le racisme " collait bien à la situation de l’époque.

Le bilan des pays ex-colonisés est tout autre . Souvent leur agriculture délaissée n’arrive plus à nourrir la population. Leur industrie reste pratiquement celle du 19ème siècle et leur infrastructure économique et sociale, bien que modernisée, reste médiocre et manque beaucoup d’efficacité. Leurs élites techniques et intellectuelles sont instruites selon les idéologies dominantes de l’époque : une mixture de libéralisme économique avec ses valeurs de consommation et d’individualisme, de socialisme avec ses valeurs de partage et d’austérité. L’instabilité politique ne pouvait permettre un long souffle de développement alors que la démographie augmente jour après jour. Dans une telle situation , notamment durant les années 80-90 , les élites africaines deviennent attirées par le modèle occidental de société de consommation, de style de vie et bien sûr de l’Etat minimum.

Le libéralisme à la Tatcher, poussant à fond vers la chute du rideau de fer entre l’Est et l’Ouest et celle du mur de Berlin, propage l’idée du développement individuel, des "success stories " américaines, de la mondialisation et à l’aide les nouveaux médias digitaux, a sculpté dans les consciences collectives africaines que le paradis se trouve en Europe et aux USA. Pourquoi donc s’étonner que des dizaines de milliers d’africains du fin fond de l’Afrique, avec ou sans diplôme, ne tentent pas de traverser, clandestinement ou non, toutes les frontières terrestres pour rejoindre ce paradis, où on peut devenir tout seul un Bill Gates ? Et si par hasard ils trouvent sur leur long chemin un pays où ils peuvent vivre un peu mieux que chez eux, pourquoi ne pas y faire une pause de quelques années ? Bonjour les troubles sociaux partout en Afrique et même aux pays du Paradis libéral.

C’est seulement la guerre actuelle en Ukraine qui a démonté ce rêve paradisiaque et a mis à nu la face cachée de l’idéologie de la mondialisation : La mondialisation concerne l’abolition des frontières pour la circulation des marchandises et le renforcement de ces mêmes frontières contre la circulation des hommes.

Il est peut être intéressant de voir la situation de certains pays de l’ex- union soviétique et la comparer avec celle des pays africains. Les quelques vidéos que j’ai vues et que j’ai mises ici sur mon fil d’actualité FB, montrent au moins des capitales et des grandes villes bien organisées avec une infrastructure digne de pays développées.
A creuser davantage la comparaison !!

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Taoufik Karkar